par Myriam Barriault-Fortin

L’exposition hors murs de la Galerie Verticale et des commissaires N&M (Nadège Grebmeier Forget et Manon Tourigny), De fond en comble, est un projet réalisé en collaboration avec l’Université de Montréal et le Fonds FTQ. La résidence des artistes Douglas Scholes et Nicole Fournier au centre d’artistes lavallois a lieu du 14 avril au 15 septembre 2013. Les artistes interviennent sur le terrain vague qui fait face à la sortie de métro Montmorency et sur la Place Claude Léveillée. Par une démarche liée à l’art de maintenance, et une intervention par l’étude, la mise en valeur de la variété des plantes, ainsi que les différents éléments présents sur le terrain, les artistes veulent piquer la curiosité des passants habitués au vide du terrain et de montrer que le terrain est plus « vivant » que son apparence de no man’s land ne le laisse croire. Finalement, l’œuvre est une observation des transformations des plantes du Mont des possibles durant la résidence. Ces éléments sont étudiés lors des médiations et des actions qui ont lieu à plusieurs reprises au cours du projet. Plusieurs médiations sont faites durant l’été pour suivre l’évolution du terrain. Les dates sont mises progressivement sur le site de la Galerie Verticale et sur le site de De fond en comble.

En ce jour un peu nuageux du 2 juin, la marche organisée par Douglas Scholes fait partie de la résidence d’artiste pour l’exposition hors murs De fond en comble. La démarche de Douglas Scholes, un art de maintenance, est reprise pour ce projet avec le Centre d’artistes lavallois la Galerie Verticale. L’Université de Montréal a collaboré pour ce qui est de l’accès au site de la Place Claude Léveillée. Le terrain en friche appartient au Fonds FTQ qui a permis l’occupation du terrain par les artistes.

La marche débute par une explication de Scholes sur la démarche des deux artistes pour cette œuvre. Prenant pour matériau la nature déjà présente du terrain en friche, la première phase du projet (8-9 mai) est de ramasser les déchets qui sont devenus invisibles pour les passants. Le but est de travailler avec la représentation du quotidien et y apporter des modifications, mais en utilisant les plantes et les déchets comme matériaux. Des vêtements sont utilisés dans la pièce centrale sur le site principal pour éviter le mélange de terre entre celle qui est non contaminée du monticule et le sol du terrain en friche (figure 1). Mais les vêtements vont se décomposer au bout d’un certain temps et des éléments vont se mélanger à la terre.

Scholes a fait des moulages de contenants provenant du terrain (bouteille de plastique pour les boissons gazeuses ou les bocaux en verre pour les aliments en épicerie) pour faire des exemplaires en cire d’abeille. Ces contenants en cire servent pour les plantes intégrées au monticule de terre du terrain en friche (figure 2-3). Aussi, à une intervention antérieure, des pousses de plantes dans des contenants en cire (grainades) ont été distribuées aux participants pour les lancer sur le site. Des fragments de cire sont toujours présents sur le terrain (figure 4).

L’apport de Nicole Fournier est principalement par la transplantation d’une variété de plantes sur le monticule et à leur identification à l’aide de petits cartels sur le site (figure 5-6). L’utilisation de vêtements en fibres synthétiques sous le Mont des possibles et pour l’œuvre à la Place Claude Léveillée est une idée de Fournier (figure 7). Les vêtements proviennent de friperies où l’artiste s’est approvisionnée pour ce projet. Les deux artistes ont construit le Mont des possibles et la pièce faisant écho à l’œuvre principale sur la place en face de l’Université de Montréal (figure 8).

Quelques pistes de réflexion sont amorcées par les artistes au début de la rencontre. Les passants, près des deux sites, sont en grand nombre puisque la station de métro est juste devant le terrain en friche (figure 9). Ils voient les artistes et semblent intrigués ou paraissent trouver leur présence suspecte. Mais peu de gens vont à la rencontre des artistes. Sinon les gens vont regarder l’œuvre, mais sans voir des artistes sur le terrain. Scholes soulève une dichotomie entre être vu ou regardé par les passants. Soit l’œuvre ou les artistes sont regardés ou vus, mais pas les deux au même moment. Selon l’artiste, c’est la même relation avec les déchets et le terrain. Ils sont vus, mais ils ne sont pas regardés au quotidien. Lorsqu’ils sont regardés, c’est leur caractère qui est à l’avant-plan ; celui de déchet, de terrain en friche, de no man’s land.

Les deux commissaires sont présentes pour la médiation, Nadège Grebmeier Forget et Manon Tourigny, ainsi que la directrice artistique de la Galerie Verticale, Charlotte Panaccio-Letendre. La marche est un parcours avec les artistes sur le terrain en friche. L’œuvre le Mont des possibles est la première escale, mais la majorité de la marche consiste à observer les interventions des artistes sur l’ensemble du terrain. Ces interventions peuvent être l’entretien de plantes en particulier, le ramassage de déchets (certains sont laissés sur place par l’artiste), des plantes semées dans les mares, des marques faites à la cire d’abeille autour de certaines plantes et d’autres sont identifiées (figure 10-11-12). Les propriétés des plantes sont indiquées sur les cartels, ainsi que si elles sont bénéfiques ou toxiques pour l’être humain. Sur le terrain, nous pouvons remarquer des numéros qui ont servi à un certain quadrillage du terrain et qui devaient servir à Douglas Scholes à intervenir de manière systématique sur le terrain. Rapidement, cette approche est délaissée pour des interventions spontanées principalement à cause de la taille importante du terrain (figure 13). Les gens sont invités à participer aux interventions des artistes pour arroser, nettoyer et désherber certaines parties du terrain vague. C’est sur cette invitation que la médiation prend fin et que les artistes poursuivent les discussions avec les participants.

Ce projet est conclu au mois de septembre 2013 par une performance de Nicole Fournier, Live Dining, et une performance de Douglas Scholes intitulée Décaler les décombres / Rubbish Shift. Live Dining est un rituel dinatoire impliquant tous les stades liés à l’agriculture et à l’utilisation du recyclage. Ce concept peut être relié à l’ensemble du projet De fond en comble. Pour la performance, l’artiste convie le public à contribuer à l’installation d’une « salle à manger » par le prêt de matériaux, de couverts et de meubles afin que les participants se nourrissent de la récolte du Mont des possibles. La performance de Scholes consiste à déplacer les déchets recueillis tout au long de l’été et disposés autour du Mont des possibles sur le bord du trottoir. Ils deviendront par la suite invisibles puisqu’ils sont récupérés par la ville de Laval.

Par Myriam Barriault-Fortin

Liens internet :

Site de la Galerie Verticale

http://galerieverticale.com/web/wb/pages/fr/actualites.php?lang=EN

Site tumblr du projet De fond en Comble :

http://projet-defondencomble.tumblr.com/

Page Facebook du Collectif N&M :

https://www.facebook.com/pages/Collectif-NM/109341269170733?fref=ts

Site de Nicole Fournier :

http://nicolefournier.blogspot.ca/

Site de Douglas Scholes :

http://dougscholes.ca/

Figures

Figure 1, Douglas Scholes et Nicole Fournier, De fond en comble, site principal, 2012.

Figure 1, Douglas Scholes et Nicole Fournier, De fond en comble, site principal, 2012.

Figure 2, Douglas Scholes et Nicole Fournier, De fond en comble, site principal, 2012.

Figure 2, Douglas Scholes et Nicole Fournier, De fond en comble, site principal, 2012.

Figure 3, Douglas Scholes et Nicole Fournier, De fond en comble, site principal, 2012.

Figure 3, Douglas Scholes et Nicole Fournier, De fond en comble, site principal, 2012.

Figure 4, Douglas Scholes et Nicole Fournier Médiation #1 Révéler le changement, 2012.

Figure 4, Douglas Scholes et Nicole Fournier Médiation #1 Révéler le changement, 2012.

Figure 5, Douglas Scholes et Nicole Fournier, De fond en comble, site principal, 2012.

Figure 5, Douglas Scholes et Nicole Fournier, De fond en comble, site principal, 2012.

Figure 6, Douglas Scholes et Nicole Fournier Médiation #1 Révéler le changement, 2012.

Figure 6, Douglas Scholes et Nicole Fournier Médiation #1 Révéler le changement, 2012.

Figure 7, Douglas Scholes et Nicole Fournier, De fond en comble, Place Claude Léveillée, 2012.

Figure 7, Douglas Scholes et Nicole Fournier, De fond en comble, Place Claude Léveillée, 2012.

Figure 8, Douglas Scholes et Nicole Fournier, De fond en comble, Place Claude Léveillée, 2012.

Figure 8, Douglas Scholes et Nicole Fournier, De fond en comble, Place Claude Léveillée, 2012.

Figure 9, Douglas Scholes et Nicole Fournier, De fond en comble, site principal, 2012.

Figure 9, Douglas Scholes et Nicole Fournier, De fond en comble, site principal, 2012.

Figure 10, Douglas Scholes et Nicole Fournier Médiation #1 Révéler le changement, 2012.

Figure 10, Douglas Scholes et Nicole Fournier Médiation #1 Révéler le changement, 2012.

Figure 11, Douglas Scholes et Nicole Fournier Médiation #1 Révéler le changement, 2012.

Figure 11, Douglas Scholes et Nicole Fournier Médiation #1 Révéler le changement, 2012.

Figure 12, Douglas Scholes et Nicole Fournier Médiation #1 Révéler le changement, 2012.

Figure 12, Douglas Scholes et Nicole Fournier Médiation #1 Révéler le changement, 2012.

Figure 13, Douglas Scholes et Nicole Fournier, De fond en comble, site principal, 2012.

Figure 13, Douglas Scholes et Nicole Fournier, De fond en comble, site principal, 2012.

Figure 14, Douglas Scholes et Nicole Fournier Médiation #1 Révéler le changement, 2012.

Figure 14, Douglas Scholes et Nicole Fournier Médiation #1 Révéler le changement, 2012.