3e impérial, centre d’essai en art actuel

Depuis plusieurs années, l’équipe de recherche s’intéresse aux activités du 3e impérial, centre d’essai en art actuel. Il s’agit d’un centre d’artistes autogéré établi dans la ville de Granby, Québec, depuis 1984. Il est le premier centre à se consacrer à l’art actuel dans des espaces initialement non dédiés à l’art. Afin d’« explorer d’autres manières d’habiter le réel », le centre propose de travailler avec artistes, théoriciens et publics, à travers des activités de recherche, de création, de diffusion et d’édition, tout en demeurant très lié à la collectivité. Le 3e impérial soutient les pratiques d’art infiltrant, en valorisant les projets qui associent espace public et engagement social, en s’introduisant dans le quotidien privé ou public. Ses activités s’organisent principalement autour de son programme de résidences qui s’étalent souvent sur plus d’un an et comprennent plusieurs séjours afin de tisser des liens avec la communauté, en plus de pouvoir déployer la démarche artistique dans le temps. De 2012 à 2017, les activités d’art infiltrant et de résidences se tiennent sous l’intitulé de « La constellation des métiers bizarres ».

 

Pour plus d’informations sur le centre et sa programmation : http://3e-imperial.org/

3e impérial Non classé

Steve Giasson – Présentation

Steve Giasson (1979-, Québec) est un artiste conceptuel vivant à Montréal qui travaille l’interdisciplinarité afin d’interroger les frontières entre les formes et les médiums. Ses projets allient l’écriture, la vidéo, la performance et la photographie et mettent à mal les notions d’authenticité et d’originalité à travers une multitude d’emprunts à la vie quotidienne, de références à l’histoire de l’art, qu’il place entre hommage et outrage de façon à démythifier le processus créateur et la figure de l’artiste. Il compte également une vingtaine de publications à son actif.

Pour en savoir plus sur son travail : http://www.stevegiasson.com/

Image d’en-tête: Steve Giasson. Performance invisible No. 92 (Épeler à l’envers les prénom et nom de Filippo Tommaso Marinetti, en mangeant une orange), 2016. Mario Merola, Horizons, 1971. Crédits photographiques : retis

Steve Giasson

Dare-dare – centre de diffusion d’art multidisciplinaire de Montréal

L’équipe de recherche suit de près les activités menées en collaboration avec le centre d’artistes Dare-dare, notamment en les documentant. Fondé en 1985, il s’agit d’un centre d’artistes autogéré qui soutient et valorise les pratiques émergentes. En 1996, son mandat se précise afin de privilégier de plus en plus les pratiques artistiques qui questionnent les lieux de diffusion de l’art. Le centre donne alors priorité aux projets hors les murs. Depuis 2004, ce centre a la particularité de s’infiltrer dans les espaces de la ville en se consacrant à la diffusion de diverses formes d’art public. Ce projet « d’articulation urbaine » nommé DIS/LOCATION permet au centre de s’insérer dans le quotidien urbain tout en migrant par l’investissement de différents espaces de la ville avec ses locaux mobiles. À chaque deux ou trois ans, ils se déplacent ainsi en s’arrimant dans un nouveau lieu fertile en interrogations sociales, politiques, historiques et/ou urbanistiques qui permet aux projets artistiques de les explorer. En investissant l’espace public de la sorte, les projets soutenus par le centre permettent souvent d’atteindre un public beaucoup plus élargi, en plus d’élargir les notions de lieux de l’art et d’art public.

 

Depuis 2015, Dare-dare est installé dans le triangle formé par les avenues Atwater, Greene et la rue Doré. Une enseigne lumineuse diffuse des projets d’écritures publiques auprès de la roulotte qui abrite les bureaux et le centre de documentation du centre. De 2012 à 2015, il occupait l’esplanade du métro St-Laurent dans le Quartier des spectacles. De 2009 à 2012, c’était le Parc Walter Stuart dans Centre-sud. Pour une période plus brève, de 2008 à 2009, la roulotte était installée dans le Square Cabot près de la station Atwater. De 2006 à 2008 au Parc sans nom dans l’arrondissement Plateau Mont-Royal, après avoir entamé le projet au Square Viger de 2004 à 2006. Une publication d’envergure accompagne le déménagement dans un nouveau lieu.

Pour plus de détails sur le mandat et la programmation du centre : http://www.dare-dare.org/

Image d’en-tête : Marc-Antoine K. Phaneuf, Moments magiques, 2012-2013, devant la roulotte Dare-dare installée sur l’esplanade du métro St-Laurent. Crédits : retis

Pour voir les projets de dare-dare photographiés et mis en ligne sur Flickr :

L’album dare-dare : https://www.flickr.com/photos/85264217@N04/albums/72157631522063136

Passeport dare-dare : https://www.flickr.com/photos/85264217@N04/albums/72157631541380815

Palazzo II par Dominique Pétrin : https://www.flickr.com/photos/85264217@N04/albums/72157631725381681

Ma intervalle par Martine Vial : https://www.flickr.com/photos/85264217@N04/albums/72157634897182833 et https://www.flickr.com/photos/85264217@N04/albums/72157640047248476

Maintenance/d’entretien par Kandis Friesen : https://www.flickr.com/photos/85264217@N04/albums/72157635017803808

Blogueurs en captivité : https://www.flickr.com/photos/85264217@N04/albums/72157647257049602

Les performances invisibles de Steve Giasson : https://www.flickr.com/photos/85264217@N04/albums/72157665462329692

 

 

Dare-Dare Non classé

Romeo Gongora – Présentation

Romeo Gongora (Canada/Guatemala) est un artiste visuel actif internationalement. Ses oeuvres explorent la question de la représentation et de la perception de l’altérité. Il se considère comme un chercheur avant tout. Ses projets de recherches prennent ensuite la forme d’installations, de performances, de rencontres et/ou d’écrits. Mettant ainsi l’accent sur le processus plutôt que le produit final, ses travaux emploient le dialogue, l’empathie et la confiance comme une stratégie de production. Cette procédure implique une période de recherche en étroite collaboration avec différentes communautés. Le résultat est une œuvre in situ d’une intensité émotionnelle profonde qui vise à analyser les constructions socio-psychologiques d’un environnement physique et mental.

En 2005, il a complété une maîtrise en arts médiatiques à l’UQAM. Il est récipiendaire de nombreuses bourses et a présenté ses projets, entre autres, au Kin Art Studio (Kinshasa), Musée d’art Contemporain de Montréal, la Galerie de l’UQAM (Montréal), le Centre d’art contemporain OPTICA (Montréal), le Centre de diffusion et de production de la photographie VU (Québec City), la Gallery 44 (Toronto) et le Centre de photographies actuelles DAZIBAO (Montréal).

Récemment, il a été invité à travailler Aux Recollets (Paris), Centro de la Imagen (Mexico) et au Centre Culturel de Neumünster (Luxembourg). En 2007, il a débuté une résidence de deux ans au Rijksakademie van Beeldende Kunsten (Amsterdam) et, en 2009, il a représenté le Canada au Künstlerhaus Bethanien (Berlin).

Pour plus d’information sur son travail : http://www.romeogongora.com/

Image d’en-tête : Romeo Gongora, Magistra Artis Natura (MAN) (2008)

 

Romeo Gongora

« Place des Arts ? » : Une intervention de Roméo Gongora

Compte-rendu par Christelle Proulx

« Place des arts ? » est une intervention publique collective initiée par Romeo Gongora. Elle est le fruit d’une d’une résidence de recherche menée par l’artiste-chercheur chez Dare-dare en 2013, lorsque ce centre occupait un terrain vague du Quartier des spectacles de Montréal, aux abords de la station de métro St-Laurent.

Le 28 septembre 2013, plusieurs personnes souhaitant discuter, réfléchir et ranimer un certain esprit des lieux se sont donc rassemblées dans le restaurant Floralies du 1199 rue Bleury. Gongora nous informe qu’au début des années 50, Robert Roussil monte un atelier collectif d’artistes à cet endroit. Roussil invite alors les artistes Roland Dinel, Armand Vaillancourt, Mario Merola, le syndicaliste Henri Gagnon, et bien d’autres participants, à se rassembler pour former un atelier-rencontre nommé la « Place des arts ». Cours d’art, conférences et discussions autour du communisme étaient à l’ordre du jour. En 1954, les autorités municipales ferment l’atelier pour cause d’insalubrité, mais cette fermeture aurait apparemment été effectuée à cause des activités subversives qui y étaient menées et des liens qu’entretenait cette « Place des arts » avec le communisme. Quelque temps après, le chantier de la grande et officielle « Place des arts » que nous connaissons aujourd’hui est mis en branle par le maire de l’époque, Jean Drapeau. Cette nouvelle place se mérite d’ailleurs rapidement le sobriquet de « Place des autres ». À travers sa résidence de recherche, Gongora a donc tenté de cerner ce qu’étaient « réellement les enjeux artistiques, sociaux et politiques de cette « aventure révolutionnaire ». »

Cinquante ans après la fondation de la « Place des arts » officielle, Gongora cherche maintenant à interpeller des fantômes et à observer l’actualité au prisme de cet héritage moderne, artistique et militant. Il redonne un souffle de vie à ce passé pour quelques heures avec cette intervention dans laquelle il encourage la discussion (avec des conférences de l’artiste Mario Merola, l’historienne de l’art Danielle Doucet, l’historien et archiviste Marc Comby et le sociologue Marcel Fournier à l’ordre du jour), expose des œuvres de l’époque et propose des ateliers de sculpture (par Valérie Blanchet) et de dessin (par Romeo Gongora) dans le restaurant de la rue Bleury. Gongora parvient ainsi à souligner différentes problématiques que soulèvent l’histoire oubliée de cette place « publique » au coeur du centre-ville montréalais. Le point d’interrogation à la suite de l’intitulé du projet indique bien comment il s’agit en réalité de formuler diverses questions quant à l’histoire et la nature du développement de tels lieux de rassemblements urbains et artistiques, de même que ce que cela peut signifier pour l’identité québécoise et néo-québécoise.

 

Pour plus d’information sur ce projet : http://dare-dare.org/fr/evenements/romeo-gongora

Dare-Dare Romeo Gongora

École d’été – Arts et géographies

Dans le cadre des écoles d’été 2016 du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CÉRIUM).

Arts et géographies

Pauline Guinard, géographie, École normale supérieure, Paris ; et Suzanne Paquet, histoire et sociologie de l’art, Université de Montréal.

Du 30 mai au 4 juin 2016 – PLU6917A-D

Paysage, environnement, cartographie, photographie, espace public, ville, politique(s) sont des intérêts, des motifs, des objets, des territoires communs à la géographie, aux arts visuels et à l’histoire de l’art. L’École d’été Arts et géographies a pour objectif premier, tout à la fois, de réfléchir et de concrétiser les liens existants entre ces disciplines, qui ne sont que trop rarement examinés, et de créer de nouvelles passerelles, tant théoriques que méthodologiques, entre elles. Pour ce faire, nous nous intéresserons plus spécifiquement en 2016 au thème « Mobilité et mobilisations », non seulement du fait de son caractère englobant, mais aussi parce qu’il nous semble particulièrement pertinent au regard, d’une part, des déplacements de toutes sortes qui redessinent sans cesse la carte du monde et, d’autre part, des mouvements sociaux actuels (Occupy, Indignés, etc.) qui ont, de fait, souvent recours à l’art pour exprimer leurs mécontentements. Sous ce thème se croisent et se rassemblent en effet des sites et des villes, des traversées et des trajectoires, des migrants, des artistes, des artefacts, des œuvres et des images, dont il s’agira précisément de saisir les interactions, les significations et les incidences sociales, spatiales, plastiques, politiques et bien d’autres encore.

Examinant les questions de mobilité physique et numérique, matérielle et immatérielle, de freins éventuels à ces mobilités (frontières, limites, censure, etc.), ainsi que les enjeux liés aux problèmes de perception, de représentations et de contestation de ces (im)mobilités, nous nous interrogerons sur les capacités des activités artistiques à nous permettre de saisir et de comprendre ces (im)mobilités, à être un vecteur et un outil de mobilisation contre ces dernières, voire à proposer un autre régime esthétique du monde contemporain. Nous étudierons ainsi des sites, des espaces (publics) et des œuvres d’art, touchant plus particulièrement aux enjeux relatifs à la participation citoyenne et aux « publics », afin de réfléchir à nouveaux frais à la part ou à l’apport du géographique à l’artistique et, réciproquement, de l’artistique au géographique. Qu’est-ce que la géographie nous permet de comprendre à l’art contemporain ? Qu’est-ce que l’art nous permet de saisir à la production des espaces d’aujourd’hui.

Cette école d’été réunira artistes, géographes et historiens de l’art et comprendra quelques visites et manifestations in situ en territoire montréalais.

Pour s’inscrire et pour plus de détails, visitez le http://cerium.umontreal.ca/etudes/ecoles-dete-2016/arts-et-geographies/.

Voir le programme complet de l’École d’été 2016 Arts et géographies

Activités académiques

L’Aisthesis et le commun : Reconfigurer l’espace public

Colloque international Media@McGill
Musée d’art contemporain de Montréal / 18-19 mars 2016

http://www.aisthesis.ca/

mediamcgilllogo

Description du colloque

Dans L’Espace public : Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise (publié en 1962 et traduit en français en 1978), Jürgen Habermas définit l’espace public moderne comme un champ d’activité de la vie sociale où l’opinion publique prend forme. Ce champ se constitue autour de délibérations critiques rationnelles entre personnes « rassemblées en un public » qui débattent sur des questions d’intérêt général et de préoccupation commune. Son type idéal est la sphère publique bourgeoise du dix-huitième siècle dont l’efficacité reposait sur sa capacité à agir comme un principe normatif de légitimité démocratique, produisant une opinion publique apte à influencer l’action politique contre la domination de l’état. Dans ses révisions subséquentes, Habermas a insisté sur le rôle du langage délibératif et de la rationalité communicationnelle dans la consolidation de l’espace public, qu’il redéfinit comme « un réseau permettant de communiquer des contenus et des prises de position, et donc desopinions » où « l’espace intersubjectivement partagé d’une situation de parole s’ouvre en même temps que les relations interpersonnelles que les intéressés engagent à la fois en prenant position par rapport aux actes de parole qu’ils proposent réciproquement et en acceptant les obligations illocutoires qui en découlent » (Droit et démocratie : Entre faits et normes, 1997, p. 387-388).

La formulation habermassienne de l’espace public a été contestée dès le début. Les commentateurs ont questionné son universalisme et son unité, ainsi que son mode critique rationnel de délibération. Nancy Fraser a montré que la sphère publique bourgeoise était constituée d’un nombre considérable d’exclusions—l’exclusion des femmes et d’autres groupes sociaux qui constituaient en fait des contrepublics où les membres pouvaient formuler des interprétations oppositionnelles de leurs identités et de leurs intérêts (« Rethinking the Public Sphere » in Habermas and the Public Sphere, dir. Craig Calhoun, 1992). Oskar Negt et Alexander Kluge ont démontré l’articulation réciproque de l’espace public bourgeois et du contrepublic prolétarien (Public Sphere and Experience, 1993). Chantal Mouffe a contesté le modèle rationaliste d’Habermas pour proposer un modèle agonistique où l’antagonisme est la passion incontournable de la politique (Agonistique : Penser politiquement le monde, 2014). Les chercheurs spécialisés dans l’étude des médias ont quant à eux montré que les relations interpersonnelles composant l’espace public étaient encore plus activement médiatisées qu’Habermas ne l’avait initialement présumé et que le développement des médias de masse ne mène pas nécessairement à la dégénération de l’espace public (John Thompson, The Media and Modernity, 1995; Manuel Castells, « The New Public Sphere », 2008). D’autres commentateurs ont souligné les propriétés de surveillance des médias ainsi que la privatisation et la commercialisation croissantes de l’internet; également la dépolitisation néolibérale de la publicité. Ces opérations, maintiennent-ils, ont contribué à l’affaiblissement, voire la disparition de l’espace public comme espace démocratique (S. Low et N. Smith, The Politics of Public Space, 2006; D. Barney, G. Coleman, C. Ross, J. Sterne et T. Tembeck, dir., The Participatory Condition, à paraître). Habermas a lui-même postulé que la sphère publique est en déclin depuis le dix-neuvième siècle.

À la lumière de ces commentaires critiques, que reste-t-il de l’espace public et que pouvons-nous sauver de cet espace? Bien plus multiple, poreux, passionné, médiatisé et fluctuant que dans sa formulation initiale, comment l’espace public peut-il néanmoins fonctionner comme un idéal de motivation? Plus fondamentalement : comment l’art peut-il participer et comment participe-t-il à cet élan? Dans L’Espace public : Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, Habermas situe les origines de l’espace public dans la sphère culturelle des dix-septième et dix-huitième siècles : une sphère qui s’est peu à peu développée en une sphère publique politique. Institutionnalisée par le café, le journal d’opinion et les salons d’art et de littérature, la sphère publique culturelle était composée de lecteurs, de spectateurs, d’auditeurs et de critiques engagés dans des délibérations (analyses de sens, jugements de goût et discussions morales) autour d’œuvres d’art, de littérature, de théâtre et de musique. Ces délibérations se développaient par des processus d’identification et de dés-identification, ainsi que par des jugements sur une variété de sujets esthétiquement représentés et performés (la vie privée, l’humanité de la famille décrite dans la littérature sentimentale, la beauté, la vie imaginée des autres). La sphère culturelle—les thèmes subjectifs et les relations d’empathie entre l’auteur et le lecteur qu’elle introduisait; les lieux de rencontre et les arguments critiques par lesquelles elle se déroulait—préparait et enrichissait le déploiement délibératif de la sphère politique.

Bien qu’il soit difficile aujourd’hui de maintenir les présupposés universels et rationalistes de ces sphères et bien que la sphère culturelle publique soit de plus en plus privatisée, le rôle de l’art dans la constitution de l’espace public mérite d’être réexaminé. Certaines composantes de la sphère culturelle—la publicité critique; l’esthétique des délibérations portant sur des questions d’intérêt général et commun; la capacité qu’a un corps public de reconfigurer le sens commun—méritent d’être défendues. Elles sont défendues dans certains développements récents de l’art contemporain où des humains et des non-humains sont invités à s’assembler dans des sites spécifiquement conçus pour constituer des mondes communs ou simplement pour proposer le sens du commun (installations; situations; arts de la rue; sites participatifs et relationnels; monuments élargis; agoras et salons physiques et numériques; espaces publics spécialement créés).L’Aisthesis et le commun : Reconfigurer l’espace public est mobilisé par une hypothèse de travail : l’art qui explore le commun est un champ d’activité de reconfiguration de l’espace public critique. Se rattachent à cette hypothèse deux questions fondamentales : comment l’espace public est-il esthétiquement repensé (en termes de formes, de médias, de matérialités et de sensibilités) dans l’art contemporain? Et comment une sphère publique artistique réussit-elle à infiltrer une sphère publique politique?

L’Aisthesis et le commun : Reconfigurer l’espace public regroupe artistes, designers, historiens de l’art, commissaires, philosophes et chercheurs en urbanisme et en études médiatiques qui réfléchissent sur les modèles émergeants de l’espace public et sur le rôle de l’aisthesis (αἴσθησις: la faculté de perception par les sens et par l’intellect) dans cette émergence. Ces modèles représentent différentes tentatives de questionner le sens commun par diverses reformulations de la préoccupation commune. Ils repensent les relations humaines/non-humaines de la communalité de l’espace public, suivant une dialectique réinventée entre mutualité et individualité, entente et dissensus, bien commun et activité commune. Parmi les modèles esthétiques considérés on retrouve : l’atmosphérique; le magnétique; le réalisme spéculatif; le bord et l’action de border; le cosmopolitisme mondialisé; le communisme des sens; la réinvention du salon comme un site d’inter-espèces; la communauté inappropriée; l’espace public performé et numériquement mobilisé. Ils évoluent conjointement et parfois en dialogue avec des nouveaux modèles politiques et philosophiques de vie publique, incluant : la communauté désœuvrée (Jean-Luc Nancy); la rencontre d’espèces (Donna Haraway); la (non)relationnalité des objets (Graham Harman); l’optimisme cruel (Lauren Berlant); la multitude (Michael Hardt/Antonio Negri); le communisme herméneutique et la fin des urgences (Gianni Vattimo/Santiago Zabala); la tolérance (Wendy Brown/Rainer Forst); la mondialisation (Nancy); l’expansion sphérique (Peter Sloterdijk); et la co-activité politique par laquelle le commun est institué par des actions participatives plutôt qu’en tant que chose à approprier comme un bien commun (Pierre Dardot/Christian Laval).

Quand (plutôt que qu’est-ce que) la sphère publique? Quand l’art arrive-t-il à déployer des mondes spacieux en-commun, qui font place à une diversité d’êtres en conversation, à différentes façons (nouvelles et anciennes) de se relier à l’autre par la sensibilité, la perception, la pensée, l’affect, le mouvement, la circulation, les médias, les actes de parole et les actions corporelles? Des mondes qui redéfinissent ce que c’est d’être humain. Comment l’esthétique et le politique s’entremêlent-ils? Et comment les espaces publics culturels sont-ils spatialisés et temporalisés dans différentes géographies, en relation à la mondialisation? L’Aisthesis et le commun : Reconfigurer l’espace public tente de poser et de répondre à quelques-unes de ces questions—des questions qui se rapportent toutes à l’influence de l’aisthesis sur les reformulations contemporaines de l’espace public.

Bannière: Nadia Myre, Meditations on Red #2, 2013. © Nadia Myre. Reproduit avec la permission de l’artiste et d’Art Mûr. Design: Caitlin Loney

Événements

Entre création, réception et médiation : Regards sur les pratiques artistiques et culturelles contemporaines.

Troisième colloque étudiant du l/as/tt, le 26 février 2016.

titre-laboratoire

Programme_colloque_etudiant_LASTT_2016.

http://www.lastt.ucs.inrs.ca/

Le laboratoire / art et société / terrains et théories (l/as/tt), en collaboration avec la Chaire Fernand- Dumont sur la culture et la collection Monde culturel (Presses de l’Université Laval), est heureux de présenter son troisième colloque étudiant qui aura lieu le 26 février 2016 à Montréal, au Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS.

Organisé par des étudiantEs des cycles supérieurs affiliéEs au l/as/tt, le colloque se veut un forum interuniversitaire dans lequel les étudiantEs travaillant sur des enjeux liés aux arts et à la culture ont la possibilité d’échanger sur leurs travaux récents. Le comité scientifique souhaite réunir des communications qui s’intéressent aux problématiques entourant les pratiques artistiques et culturelles contemporaines, de la création des œuvres à leur réception.

Bannière : Image extraite du projet The Nine Eyes of Google Street View de Jon Rafman.

Événements

Trafics numériques. Le Web en « cascades d’images » (photographiques)

 » Peut-être aurions-nous atteint le zénith su spectacle, là où « tout s’est éloigné dans une représentation »(1). Chaque chose du monde – ou presque – a désormais son double, une image circulant dans un flux parallèle, dans un espace autre où tout se déverse et se répand, où tout s’amalgame, se multiplie. Dans cet espace prévaut une nouvelle géographie, aucune véritable logique terrestre ne conduisant les mouvements et les déplacements, car les images tiennent lieu de destinations et les parcours induits par elles s’apparentent généralement à la flânerie, ou à une sorte de dérive; des trajectoires aléatoires qui ne sont souvent guidées que par les préférences des autres. La société du spectacle serait possiblement celle d’une culture du favori ou de la plus grande quantité possible de clics ou de visionnements. (…)  »

(1) Guy Debord, La société du spectacle, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1992 (1967), p.15-16.

PAQUET, Suzanne (2015). « Trafics numériques. Le Web en « cascades d’images » (photographiques) » dans FONTCUBERTA, Joan (dir.) La condition post-photographique. Le Mois de la photo à Montréal et Kerber Verlag.

http://moisdelaphoto.com/publications/condition-post-photographique-2015/

Publications

À l’angle de la rue et du Web, la question des publics

Les micro-interventions d’artistes n’étant plus si rares, le promeneur est toujours susceptible d’en croiser les acteurs ou d’en apercevoir les restes dans ses déambulations citadines. Il arrive également qu’il puisse, à tort ou à raison, supposer être devant une manifestation de ce type lorsqu’il est témoin d’une activité inhabituelle dans la ville ou devant une trace qui pourrait en être le résultat. Ces résultats sont d’ailleurs souvent aussi peu perceptibles, aussi transitoires, que l’action elle-même.

PAQUET, Suzanne (2015).« À l’angle de la rue et du Web, la question des publics » dans Inter : art actuel, n° 120, p. 65-68.

Le texte complet est disponible sur Erudit au http://id.erudit.org/iderudit/77852ac

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