Devora Neumark est une artiste interdisciplinaire, membre de la faculté du programme de maîtrise en arts interdisciplinaires du Goddard College au Vermont, et a récemment terminé le programme de PhD du Centre pour les études interdisciplinaires sur la société et la culture de l’Université Concordia. Son projet de recherche-création intitulé Radical Beauty for Troubled Times: the (un)making of home se penche sur le rôle que joue la beauté dans le processus de constitution d’un chez-soi après un déplacement forcé.

Elle réalise depuis les années 1990 des performances et des interventions interdisciplinaires en milieu urbain interrogeant les sphères publique et communautaire. Mettant l’accent sur la notion de processus, son travail se veut une remise en question des systèmes de représentation et de pouvoir, à travers les  transformations historiques, les rituels et la construction de la mémoire. Ses oeuvres se caractérisent par leur relation directe avec le public et leur insertion dans des communautés. Elle considère l’art public comme une intervention sociale.

Avec Johanne Chagnon et Louise Lachapelle, Neumark a co-dirigé Affirming Collaboration: Community and Humanist Activist Art in Québec and Elsewhere en 2011. Elle est aussi l’auteure de « Close Proximity » (publié dans Creative Arts in Interdisciplinary Practice, 2010); « Performing aesthetics, performing politics: ‘The Jewish Home Beautiful and the re-shaping of the Jewish exile narrative’ (publié dans Crossings: Journal of Migration and Culture, 2010; « The Sensuous is Policital: Live Art Performance and the Palestinian Resistance Movement » (publié dans Somatic Engagement, 2011); et « Once a Russian, Always a Jew: (Auto)biographical Storytelling and the Legacy of Dislocation » (publié dans Storytelling, Self, Society: An Interdisciplinary Journal of Storytelling Studies, 2012).

http://www.devoraneumark.com

Image d’en-tête :  Devora Neumark, Présence, 1997, Crédit photo : Mario Belisle.

Quelques projets

Devora Neumark, Why Should We Cry? Lamentations in a Winter Garden, 2008 En collaboration avec Deborah Margo Crédit photo :  Jean-Pierre Caissie

Devora Neumark, Why Should We Cry? Lamentations in a Winter Garden, 2008
En collaboration avec Deborah Margo
Crédit photo : Jean-Pierre Caissie

En collaboration avec Deborah Margo, ce projet collaboratif présenté par Dare-Dare en 2008 invite le public à apprendre de personnes ayant vécu l’expérience d’un déplacement forcé et qui vivent présentement à Montréal. Dans le cadre de ce projet, des nouveaux arrivants enseignent des chants et des hymnes de deuil dans leur « langue maternelle ». Les cours sont ouverts à tous et font partie intégrale du projet qui culmine par une performance publique à minuit la nuit du 21 décembre – le solstice d’hiver. Plus d’informations sur le site de Dare-Dare.

Devora Neumark, And how shall our hands meet?, 2006 En collaboration avec Tali Goodfriend Crédit photo : Louise Lachapelle

Devora Neumark, And how shall our hands meet?, 2006
En collaboration avec Tali Goodfriend
Crédit photo : Louise Lachapelle

Cette intervention menée dans la rue avec Tali Goodfriend est une réponse collaborative à l’invasion du Liban par les forces israéliennes en 2006. Dans le cadre d’une manifestation anti-guerre au centre-ville de Montréal, elles ont créé une alternative non violente aux cris des slogans. Pour la performance, elles étaient vêtues de blanc, pieds nus, silencieuses et installées de l’autre côté de la rue où se tenaient les protestations. Pendant trois heures, elles ont baigné leurs mains dans de l’huile d’olive. Ce geste de guérison partagé émerge de leur profonde implication dans les efforts de paix au Moyen-Orient. À la fin de la performance, elles ont rempli des petites bouteilles de cette huile qui avait été réchauffée et énergisée par elles afin de les offrir aux gens qui ont participé.

Devora Neumark, Présence, 1997 Crédit photo : Mario Belisle

Devora Neumark, Présence, 1997
Crédit photo : Mario Belisle

En 1997, en transit à travers la ville, Devora Neumark voyage dans différents lieux et quartiers de Montréal marqués d’une expérience personnelle et caractérisés par la présence des gens dans leur quotidien. Dans le cadre de cette intervention intitulée Présence, elle s’installe, assise sur une chaise de bois, dans des sites parmi lesquels la plaza du Musée d’art contemporain de Montréal, l’espace situé devant la bibliothèque de l’Université Concordia, la station de métro Snowdon ou encore le pied du Mont-Royal. Elle se fabrique un vêtement au point de crochet qui, partant du kippot ou yarmulkas, prend progressivement une forme jusqu’à recouvrir entièrement son corps. Une couleur de fil est utilisée lorsqu’elle est seule et une autre lorsqu’elle discute avec quelqu’un.

De vora Neumark, s(us)taining, 1996 Crédit photo: Mario Belisle

De vora Neumark, s(us)taining, 1996
Crédit photo: Mario Belisle

Six mois après la destruction de sa maison, Devora Neumark s’installe sur la rue Notre-Dame en robe blanche et pèle des betteraves. Devant les décombres du lieu, pendant que des amis et des étrangers passent, elle tache ses mains en effectuant ce geste répétitif, exposant la blessure. Dans le texte « im/possible representations » (2000), elle relate l’importance de la photographie pour ce projet.